Il aide les développeurs juniors à trouver leur premier emploi : entretien avec Gilles Bouvier d’Adopte1junior

Notez cet post

Ces dernières années, le nombre d’écoles proposant des cursus de formations accélérées au développement web a explosé. Le nombre de profils de développeurs juniors arrivant sur le marché du travail chaque année a donc, logiquement, augmenté. Cette plus grande concurrence offre plus de choix aux employeurs souhaitant embaucher un junior. On comprendra donc aisément que leur niveau d’exigence a ainsi augmenté. Face à cette situation, les développeurs juniors, et plus particulièrement ceux issus d’une formation accélérée, doivent apprendre à se démarquer des autres profils, à mettre en valeur leurs compétences et réalisations, à susciter confiance et sympathie chez les recruteurs (voir à ce sujet notre entretien avec Camille sur le recrutement des développeurs juniors). Heureusement pour eux, des initiatives commencent à être prises par des personnes du milieu, afin d’apporter de l’aide aux développeurs juniors dans le cadre de leur recherche. C’est le cas de Gilles Bouvier, créateur du Jobboard « Adopte1Dev », totalement dédié aux profils de développeurs web. En parallèle de cette entreprise, il a décidé de lancer le projet Adopte1Junior, dont il a accepté de nous parler ici.

 

Lesdevjuniors - Gilles bouvier aide développeurs juniors

 

Peux-tu rappeler rapidement ton profil et ton parcours ?

Le chemin qui m’a mené au monde du web est assez original. J’ai effectué un bac L. A la suite de mon bac, j’en avais déjà marre des études, et ai donc décidé d’effectuer une année sabbatique en voyageant. Je suis parti 2 mois, pendant lesquels je suis allé en Irlande, au Pays-Bas, et en Belgique. En revenant, j’ai enchaîné plusieurs petits boulots. Je découvrais le monde du travail. A la fin de cette année, je me suis quand même dit qu’il serait bien d’approfondir mes études. Je me suis inscrit à la fac de Bordeaux dans un cursus LLCE (Langue Littérature et Civilisation Etrangère). J’ai effectué une licence, puis, dans le cadre de mon Master, j’ai eu l’occasion d’aller aux États-Unis pour faire un mémoire sur les Mormons. C’était une expérience incroyable, mais une fois ce master terminé, je n’ai pas souhaité poursuivre davantage vers le monde de la recherche.

Quelque temps après la fin de mon master, je suis tombé par hasard sur une offre d’emploi d’Acheteur approvisionnement pour une boite polonaise. J’ai postulé, un peu par curiosité, et par goût de l’aventure. J’ai été pris. Je suis donc parti travailler en Pologne. Au bout d’un an, j’ai quitté cet emploi, et j’en ai trouvé un autre chez Coca-Cola, toujours en Pologne. A ce moment-là, je faisais en même temps un double cursus MBA formation managériale et communication interprofessionnelle. Au bout de quelques mois, j’ai fait un burnout. A tel point que j’ai dû quitter la Pologne, et revenir en France. Après ça, j’ai pris une année pour me remettre de mon burnout, me reposer, reprendre mes marques ici…

Quelques temps après j’ai été sollicité par un ancien collègue polonais qui lançait un jobboard, et qui cherchait quelqu’un pour faire le promotion de sa plateforme sur le marché français. Je me suis associé à lui, et j’ai recommencé à travailler progressivement comme ça. C’était un jobboard dans le milieu de la tech. Donc à ce moment-là, j’ai été obligé de me pencher sur les profils de développeurs, comprendre leur métier, le marché du web, etc. J’ai travaillé quelques mois avec eux, mais au final, ça n’a rien donné. J’ai enchaîné avec un emploi du même style, pour une entreprise roumaine cette fois-ci, positionnée sur le même secteur. Cette seconde expérience m’a donc fait approfondir mes connaissances du milieu du web et des développeurs. Et c’est à force d’être confronté à ce milieu que j’ai pris connaissance des problèmes que rencontraient certains profils juniors.

 

Que proposes tu via Adopte1junior ?

A l’origine, c’est une idée qui m’a été inspiré par Jerry Dumont de Iters.io (voir notre interview avec Jerry ici). Un support de visibilité pour les devs Juniors (comme son nom l’indique). C’est un mini programme d’accompagnement par lequel Adopte1Dev aide les développeurs juniors à créer un profil dynamique et fun en vidéo à la manière du média Konbini. Dans cette vidéo, nous faisons passer une interview avec des questions orientées sur 3 axes : “état civil” (nom, âge etc.), techno, et extraprofessionnelle (loisirs, hobbies, etc.). Une fois la vidéo éditée, elle est publiée et diffusée en masse sur la plupart des grands réseaux sociaux avec un lien vers le profil LinkedIn du/de la dev. Nous faisons ensuite un suivi régulier avec chaque personne pour prendre des nouvelles, aider d’une certaine façon si besoin est, et pourquoi pas refaire une nouvelle vidéo plus spécifique. L’objectif ultime étant, bien évidemment, d’aider les juniors à déboucher sur un premier emploi.

 

Quels sont les retours que tu as ? 

Très bons retours, jusque-là. On vient d’ailleurs de mettre en place un questionnaire de feedback via Typeform pour récolter les opinions auprès des juniors pour qui on a déjà publié les vidéos. Hormis quelques soucis techniques (nous faisons nos vidéos via Zoom principalement), tous nos juniors ont adoré l’expérience. Elle n’engage à rien, dans la mesure où il y a tout à gagner. Cela permet de manifester de l’intérêt sur cette section très sensible du marché du travail et de valoriser tout un chacun, sans distinction aucune 🙂 

En termes de chiffres, la moitié de “nos juniors” ont déjà trouvé une suite positive à leur recherche de contrat, que ce soit en CDI ou en alternance. 

 

Quel regard portes-tu sur les profils de développeurs en réorientation ? Es-tu souvent sollicité par eux ? Comment se passe l’intégration au marché du travail pour eux ?

Les personnes en reconversion (ou réorientation) dev sont à 99% des profils que nous rencontrons ! Donc oui, très sollicité par ce type de profil. Pour ainsi dire, nous n’avons jamais eu de profil type “étudiant fraîchement sorti d’une école d’ingé”. La plupart est soit passée par des écoles comme O’Clock, 3W Academy etc. soit elle  s’est formée en autodidacte via OpenClassRoom et des projets personnels. Pour elles et eux, c’est une réorientation récente pour diverses raisons : familiales, burnout, licenciement, Covid… Mais c’est, en tous cas, un aperçu très intéressant que l’on a du vivier des juniors. Des parcours multiples et variés, des personnalités très enrichissantes, un panel “démographique” assez large (de 22 à 45 ans, une parité presque respectée), des origines socio-professionnelles carrément bigarrées. 

Par contre, l’intégration au marché du travail, c’est la loterie. Pour ceux qui ont trouvé, tous étaient déjà en recherche depuis un certain temps. Pour celles et ceux qui cherchent encore, c’est la galère. Les demandes de profils juniors ne sont pas populaires. La phrase qui revient souvent c’est : “pas assez d’expérience”. Un conseil que l’on donne régulièrement, c’est de se distinguer et mettre toutes les chances de son côté en travaillant son CV (il existe plein de ressources adaptées aux devs juniors pour ça, voir notamment le blog de Nicolas Brondin-Bernard), en étant présent sur GitHub, en se créant un portfolio visuellement attrayant et en étant actif sur les réseaux. 

 

Un conseil que l’on donne régulièrement, c’est de se distinguer et mettre toutes les chances de son côté en travaillant son CV, en étant présent sur GitHub, en se créant un portfolio visuellement attrayant et en étant actif sur les réseaux. 

 

Quel regard portes-tu sur le marché du travail dans le domaine du développement web en 2022 ?

Je dirais, un regard perplexe. Personnellement, je ne suis pas dans le game du dev depuis très longtemps. A savoir que, j’ai atterri dans ce milieu quand la crise Covid a commencé. Génial ! Donc, mon regard sur le sujet ne sera certainement pas exhaustif ni “spécialiste”. Cependant, ce que j’ai pu constater assez rapidement, c’est qu’il y a un net décalage entre les “juniors” d’un côté, et les devs plus expérimentés de l’autre. Sans parler des freelances qui, pour moi, sont un sujet encore à part. Ce décalage s’exprime notamment par le fait que les devs juniors sollicitent énormément, alors que les devs expérimentés SONT sollicités en permanence. Il faut trouver un juste milieu, j’imagine… C’est sûrement un travail de prise de conscience et de changement de mentalité de la part des recruteurs et des institutions du travail. 

Le marché du travail dev, dans sa globalité, est un marché ultra dynamique et en évolution constante,  par l’émergence de nouvelles technologies ou de nouvelles problématiques économiques (entre autres). De ce fait, le secteur du numérique a et aura toujours besoin de devs. En tous cas, jusqu’à ce que les humains soient remplacés par des robots ! 

Concernant le web, plus spécifiquement, j’entends plusieurs sons de cloches. D’un côté, j’entends dire que les métiers du web sont amenés à progressivement disparaître (ce qui, personnellement, me paraît inconcevable) au profit d’autres formes de développement numériques. D’un autre côté, il n’y a jamais eu autant de formations au web qu’aujourd’hui. Et probablement moins que demain !

Pour finir, ce que je constate, c’est qu’il y a, à l’heure actuelle, une saturation de l’information. A tous les niveaux. Et pour moi, cela implique d’adapter la gestion de ce flux d’information de façon optimale. Pas forcément en créant plus de nouveaux postes, mais en transformant les métiers existants et en les ajustant aux besoins actuels.

 

Leave a reply:

Your email address will not be published.

Site Footer